Les années 20, connues pour leur effervescence culturelle et sociale, ont laissé place à une ère de grand changement après le calme relatif de l’après-guerre. C’est dans ce contexte d’instabilités politiques et économiques que des courants artistiques révolutionnaires ont vu le jour.
En effet, les arts plastiques ont subi une véritable métamorphose. Le cubisme, avec ses formes géométriques brisées, a introduit une nouvelle façon de percevoir et de représenter le monde. À son tour, le mouvement futuriste a capturé l’énergie et le dynamisme de l’ère moderne en insufflant vitesse et mouvement dans ses œuvres. Quant au dadaïsme, il s’est moqué des conventions établies en proposant des créations anti-artistiques.
Ces avancées n’étaient pas simplement des tendances passagères ; elles ont engendré un dialogue constructif entre tradition et innovation qui continue d’influencer l’art aujourd’hui encore.
Le conflit entre deux conceptions artistiques
Un échange inédit entre le Traditionnel et le Contemporain
Dans les années 1920 et 1930, le paysage du design intérieur et des arts décoratifs en France était particulièrement dynamique. Les professionnels se divisaient en deux courants de pensée bien distincts. D’un côté, il y avait les membres de l’UAM, Union des Artistes Modernes, fondée en 1929. Ces architectes et décorateurs préconisaient une fusion entre l’art et l’industrie pour élaborer un environnement moderne qui réponde aux exigences de la vie contemporaine.
À l’opposé de ce spectre, certains artisans tenaient à perpétuer un héritage fait d’un savoir-faire artisanal traditionnel typiquement français. Ils aspiraient à insuffler dans leurs créations un esprit proche du mobilier caractéristique du XIXe siècle.
C’est ainsi que se côtoyaient des conceptions radicalement différentes : d’une part, les œuvres métalliques innovantes signées par des artistes comme Robert Mallet-Stevens, et d’autre part, les créations raffinées telles que celles de Jacques-Emile Ruhlmann, surnommé le « Riesener de l’Art Déco », célèbre pour ses travaux utilisant marqueterie et matériaux nobles.
Cette période a donc vu une véritable effervescence stylistique où modernité industrielle et artisanat classique ont coexisté, témoignant ainsi de la richesse créative française en matière d’aménagement intérieur.
L’association des artistes contemporains
Fondée à la fin des années 20, l’UAM rassemble des créateurs désirant rompre avec le conformisme. Ils privilégient les aspects pratiques et structurels dans leurs œuvres, s’éloignant ainsi de la décoration superflue traditionnelle. L’usage novateur de matériaux industriels est au cœur de leur démarche, visant une meilleure adéquation avec le mode de vie contemporain.
Des figures telles que Charlotte Perriand, Jean Prouvé, et Le Corbusier illustrent ce courant par leur volonté d’estomper les frontières entre grands arts et disciplines décoratives. Ils aspirent à un art universel, loin d’être réservé à une élite.
Toutefois, l’accueil du public et des institutions n’a pas toujours été favorable, certains critiquant la suppression des ornements et l’utilisation intensive de matériaux modernes.
Malgré la disparition de son membre influent Mallet-Stevens en 1945, l’UAM continue d’exposer ses concepts avant-gardistes jusque dans les années 50 mais perd progressivement son attrait au fur et à mesure qu’elle se spécialise dans le design industriel.
L’ameublement : innovations et matériaux inédits
Le tuyau et le métal ferreux
Les années 30 ont marqué un tournant pour les artistes décorateurs, avides d’innovation et d’esthétique moderne. Ils se sont alors intéressés aux nouveaux matériaux disponibles, comme le tube et l’acier. Ces éléments furent mis en avant dès 1923 par Robert Mallet-Stevens, connu entre autres pour ses créations de mobilier à la Villa Noailles, puis à la villa Cavrois. Les chaises conçues par cet avant-gardiste ont gagné une popularité internationale; certaines pièces se vendent aujourd’hui à des tarifs raisonnables dans les enchères.
Ces matériaux novateurs ont été largement plébiscités lors du Salon des Artistes Décorateurs de 1928 grâce à leur simplicité et leur modernisme. Des designers de renom tels que Charlotte Perriand ou encore Le Corbusier y présentèrent des collections où métal et verre se mêlaient harmonieusement avec d’autres matières comme le bois ou le cuir.
Parallèlement, ces matières métalliques devinrent emblématiques du mobilier standardisé épuré sans fioritures superflues ; elles reflètent un style minimaliste qui caractérise si bien cette période. Par exemple, on peut citer le célèbre Fauteuil transatlantique d’Eileen Gray, mélange subtil de bois, métal et cuir synthétique datant de 1929. Aujourd’hui encore, acquérir une réplique moderne coûte entre 3000 et 4000 euros, preuve que l’intérêt pour ces œuvres persiste au fil des décennies.
La renaissance des matériaux naturels
Au cœur des années 30, les pays nordiques ont su marquer le domaine de l’ameublement grâce à une valorisation inédite du bois. Les essences comme le teck, le pin ou encore le bouleau étaient travaillées par des procédés innovants pour l’époque, on pense notamment au contre-plaqué courbé et aux créations en lamelles de bouleau façonnées avec habileté.
Parmi ceux qui se sont distingués dans ce renouveau stylistique, Alvar Aalto se démarque. Sa chaise Tank est un exemple frappant de son génie créatif et fait figure d’emblème pour cette période.
En France, la situation était autre. Là-bas, l’économie fragile et l’engouement pour les loisirs extérieurs dictaient leurs règles. Des designers comme Charlotte Perriand ou André Arbus, optaient pour des matériaux bruts tels que le cuir ou la corde, tout en revisitant les textiles traditionnels au profit du chintz ou de la percale.
L’avènement de la guerre a bousculé cet élan créatif : certains artistes ont pris le chemin de l’exil, Charlotte Perriand partit jusqu’au Japon. D’autres ont persisté malgré les restrictions et défis économiques imposés par la conjoncture internationale, comme André Arbus qui a continué à créer malgré tout.
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