Le futurisme italien s’inscrit comme un courant majeur de l’avant-garde européenne du début du 20e siècle. Malgré sa moindre renommée face à des mouvements tels que le fauvisme ou le cubisme, il occupe une place notable dans l’histoire de l’art. Les créations futuristes ont d’ailleurs leur place au sein des galeries prestigieuses en France et en Europe. Sur le marché de l’art, ces œuvres suscitent un vif intérêt et leurs ventes peuvent dépasser les prévisions financières.
Ce phénomène culturel a marqué son temps par son caractère innovant et controversé. Il est à la fois littéraire et artistique, témoignant d’une époque tournée vers la modernité et la révolution industrielle. Le futurisme célèbre ainsi le progrès technique avec un enthousiasme qui se reflète dans ses productions variées.
Créateurs et inspirations
Importants protagonistes
Entre 1909 et 1920, le futurisme italien se distingue des mouvements contemporains par son organisation rigide sous la direction de Filippo Tommaso Marinetti. Ce dernier, ayant côtoyé l’effervescence culturelle parisienne, est rentré à Milan pour y découvrir une société en pleine transformation industrielle et sociale.
Marinetti critique ouvertement la bourgeoisie traditionnelle par des publications incendiaires dans sa revue Poesia. Il appelle au changement et réussit à fédérer autour de son idéal futuriste un groupe d’artistes influents. Parmi eux, les peintres Giacomo Balla, Umberto Boccioni, Carlo Carra, Luigi Russolo, et Gino Severini rompent avec les conventions artistiques classiques.
Ce collectif s’étoffe bientôt d’autres créateurs italiens issus du monde littéraire, cinématographique et architectural. Ensemble, ils aspirent à embrasser le progrès en rejetant le poids de l’Antiquité pour mieux célébrer le dynamisme naissant de leur époque.
Le cadre conceptuel
Publié pour la première fois dans Le Figaro, le manifeste futuriste de Marinetti a marqué un tournant décisif, plaçant son mouvement sur la scène internationale dès ses débuts. Marinetti, avec perspicacité et culture, a orienté son appel vers les artistes et écrivains italiens, leur demandant d’embrasser une vision moderniste et nationale qui transcende leurs différences locales.
Le futurisme s’est imposé comme une célébration enjouée du progrès urbain et industriel. Il prônait l’amour de la mécanique et de la vitesse, symboles puissants d’une transformation radicale des sociétés contemporaines. En public, ces idées étaient défendues avec vigueur ; les théâtres devenaient des tribunes pour vanter le dynamisme des machines telles que l’automobile.
Inspirés par les philosophies de figures telles que Bergson ou Nietzsche, Marinetti et ses contemporains aspiraient à plus qu’une simple révolution esthétique : ils voulaient incarner une posture active et combative face à la vie. Leur désir ardent était d’éveiller les consciences par leur ferveur quasi militante.
De la pensée à l’exercice de l’art
Les premiers pas du futurisme en peinture
L’art de certains peintres, bien que fidèle à des idées avant-gardistes, s’ancre dans une esthétique un peu passée. Ils empruntent aux techniques divisonnistes du siècle précédent pour aborder des thèmes inédits. Cependant, ces artistes introduisent une dimension innovante en impliquant davantage le spectateur dans leurs œuvres.
Prenons l’exemple de Giacomo Balla et son œuvre notable La lampe à arc, exposée au MoMa à New York. Cette pièce se distingue par l’utilisation de couleurs pures qui se côtoient pour créer un effet vibrant et poétique unique.
En comparaison, les travaux d’Umberto Boccioni et de Carlo Carra ne résonnent pas avec cette même poésie. Boccioni se concentre sur la capture du mouvement dynamique et tumultueux, cherchant à exprimer les émotions humaines comme il le démontre dans son triptyque impressionnant intitulé États d’âme I : les adieux, ceux qui partent, ceux qui restent, conservé à Milan.
Ces artistes explorent tous la thématique du mouvement et de la vitesse mais chacun y apporte sa touche personnelle. Par exemple, Luigi Russolo, musicien de profession, transpose dans ses toiles son intérêt pour le son en essayant d’en capturer l’essence visuelle.
Développement et contributions du futurisme
En 1912, le futurisme italien a émergé sur la scène artistique parisienne, offrant une alternative fascinante au cubisme. Grâce à l’exposition organisée par la galerie Berheim-Jeune et sous l’impulsion de Félix Fénéon, critique d’art reconnu, ce mouvement a pu captiver le public parisien. Il s’est distingué du cubisme en adoptant une approche vivante de l’art, où les multiples perspectives d’un objet en mouvement étaient explorées.
Parmi les figures marquantes du futurisme, Umberto Boccioni et Giacomo Balla ont poussé leurs expérimentations plus loin que leurs prédécesseurs cubistes. Balla s’est penché sur les théories scientifiques pour saisir visuellement des phénomènes tels que la vitesse ou le mouvement ultrarapide dans son travail: il tendait même vers un style abstrait cherchant à illustrer le parcours lumineux de la vitesse. Ces investigations préfiguraient celles qui auront lieu plus tard au Bauhaus et amorçaient une conception de la peinture délivrée de toute représentation concrète pour se concentrer sur des concepts philosophiques.
Boccioni quant à lui a été attiré par la sculpture dès 1912 et ses créations reflètent cette fascination pour l’espace et le dynamisme inhérents au futurisme. En témoigne son œuvre majeure exposée au MET intitulée “Formes uniques de continuité dans l’espace” qui manifeste cette tentative d’insuffler aux matériaux sculptés une impression de mouvement perpétuel.
Malgré son influence limitée en France où des artistes comme Fernand Léger ont certes noté sa présence sans pour autant être profondément impactés, le futurisme italien a connu un succès retentissant dans son pays d’origine jusqu’à l’éclatement de la Première Guerre mondiale. Toutefois, après-guerre, son association avec le régime fasciste italien conduit à un certain ostracisme académique qui ne sera levé qu’à partir du moment où les avant-gardes anglo-saxonnes redécouvrent ce courant artistique. Une reconnaissance tardive mais notable s’est exprimée lors d’une exposition dédiée par Le Musée National d’Art Moderne en 2008; elle mettait en lumière l’influence considérable du futurisme sur les transformations esthétiques et philosophiques durant le XXe siècle tant en Europe qu’aux États-Unis ou encore en Russie.
Les collaborateurs artistiques
Giacomo Balla, originaire de Turin, s’est illustré dans l’art pictural. Umberto Boccioni a marqué son époque en tant que peintre et sculpteur innovant. Quant à Carlo Carrà, ses toiles reflètent une maîtrise unique du pinceau. Enfin, Gino Severini s’est distingué par son talent de peintre aux multiples facettes.