Les nuances de dévotion : la Crucifixion dans l’art pictural à travers les siècles

Table des matières

Traditions et textes fondateurs

La crucifixion est un événement central raconté par les quatre auteurs des évangiles. Après avoir été arrêté et condamné, le Christ endosse sa croix jusqu’à s’effondrer sous son poids. Simon de Cyrène est alors réquisitionné pour l’aider à la porter jusqu’au mont Golgotha, connu comme le lieu d’exécution.

Sur cette colline, Jésus est cloué sur sa croix entre deux criminels, souvent désignés par leur comportement final vis-à-vis de lui. Pendant ce supplice, Jésus subit moqueries et souffrances : on lui propose du vin amer et on se moque de son titre autoproclamé de roi des Juifs. Ses habits sont même partagés par tirage au sort après qu’il rend l’âme.

Pour confirmer sa mort, un soldat romain lui assène un coup de lance. Parmi les témoins de cette scène figurent trois femmes proches du Christ : Marie (sa mère), une femme non nommée identifiée comme la sœur de Marie, ainsi que Marie Madeleine.

Interprétations

Les plus anciens récits du Moyen Âge

Au commencement de l’art chrétien primitif, les images de la Crucifixion ne figuraient pas. Ce n’est qu’au Ve siècle que cet événement central du christianisme commence à être illustré. Un exemple marquant de cette période est le décor sculptural sur le bois de la porte de l’église Sainte Sabine à Rome. On y voit un Christ serein, sans marque apparente de douleur, accompagné des deux voleurs crucifiés.

Vers le XIe siècle, sous l’influence notable des écrits franciscains, la représentation en France et dans d’autres régions nordiques évolue : Jésus y apparaît mort et couronné d’épines. Cela annonce une iconographie qui gagnera en popularité bien après : celle des Pieta.

L’art roman apporte son lot d’innovations avec une présence accrue de personnages autour du Christ crucifié; souvent limités à trois avec Marie et Jean faisant face aux soldats romains. Une pratique fréquente était d’exposer ces scènes au sein même des édifices religieux, comme en témoigne le « Christ Courajod », œuvre remarquable conservée au Musée du Louvre.

En parallèle, l’art gothique tend vers une simplification avec moins de personnages tandis que les créateurs italiens enrichissent les scènes avec plus de figures telles que Joseph d’Arimatie ou Madeleine. Les styles fluctuent grandement selon leur origine géographique et leurs références théologiques soulignant ainsi la diversité culturelle dans l’approche artistique du sacré.

Des progrès majeurs à l’ère de la Renaissance et au déclin du Moyen Âge

Durant la période tardive du Moyen Âge, l’art s’est tourné vers une représentation plus expressive de la souffrance. Le concept du Pressoir mystique en est un exemple marquant : on y voit le Christ déversant son sang, symbole puissant de vie et de purification des péchés humains, illustré notamment dans une œuvre conservée à la Bibliothèque nationale de France.

Cette époque a également été témoin d’une évolution significative dans la peinture des arrière-plans. La Crucifixion était souvent mise en scène au sein d’un paysage minutieusement élaboré. Par exemple, l’œuvre de Masaccio datant de 1426 offre un fond où les murs de Jérusalem se détachent avec précision.

Parallèlement à ces innovations artistiques, le culte grandissant des saints a conduit à l’introduction dans les tableaux de figures religieuses peu conventionnelles telles que Sainte Véronique tenant le voile utilisé pour essuyer le visage du Christ. Les donateurs représentés en pleine prière sont aussi fréquemment ajoutés aux scènes religieuses comme signe tangible de leur dévotion et patronage.

Croix ou supplice ?

Au cours du XVIIe siècle, l’illustration de la crucifixion s’est cristallisée autour d’un modèle iconographique initié par l’œuvre de Jacopo Tintoretto. Sa représentation, réalisée pour la Scuola San Rocco à Venise, a grandement influencé les artistes ultérieurs. La tendance était alors à se concentrer sur le Christ en croix et à accentuer l’intensité de sa souffrance, un thème particulièrement repris dans les sculptures en ivoire de cette époque qui étaient fréquemment négociées sur le marché de l’art européen.

La figure traditionnelle du crucifié ne s’est pas démodée avec le temps; au contraire, elle a été revisitée par des peintres avant-gardistes. Parmi eux, Pablo Picasso a marqué son empreinte avec une œuvre datant de 1930. Son interprétation moderne est aujourd’hui exposée au Musée d’Art Moderne de Paris et témoigne de la capacité intemporelle du sujet à inspirer les générations successives d’artistes.

À propos du sujet connexe :

Pour distinguer l’épisode de la dernière Cène dans la peinture, cherchez le moment où Jésus partage son repas avec les Douze Apôtres.

Pour identifier une scène dépeignant la fuite en Égypte, regardez si Marie et Joseph sont présentés en train d’échapper à Hérode avec l’enfant Jésus.

Si vous voyez Sainte Cécile dans une œuvre d’art, elle sera souvent représentée en train de jouer de la musique ou avec un instrument à proximité.

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