Guide essentiel pour reconnaître le mobilier anglais du XVIIIe siècle | Mr EXPERT

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Au cours du dix-huitième siècle, l’aristocratie anglaise, enrichie par le Grand Tour, s’est lancée dans la construction de demeures somptueuses et dans la constitution de collections artistiques. Cet engouement pour l’art de vivre a stimulé une demande en mobilier élégant et contemporain. Les artisans ébénistes ont répondu à cet appel avec brio, en adaptant leurs créations aux tendances esthétiques du moment sans jamais compromettre la qualité ni le détail soigné qui font la signature du mobilier britannique de cette époque.

Les meubles en acajou, bois prisé pour sa beauté et sa robustesse, sont particulièrement représentatifs de ce savoir-faire. Parmi les figures emblématiques de cette ère, Thomas Chippendale et Georges Hepplewhite se distinguent. Leur influence perdure aujourd’hui encore grâce à leurs catalogues de modèles qui ont largement circulé, témoignant ainsi du raffinement caractéristique des pièces qu’ils ont contribué à populariser.

L’influence du 17e siècle et le style de la Reine Anne

La période postérieure au règne de la reine Anne d’Angleterre a vu perdurer son style éponyme jusqu’aux alentours des années 1720. Inspiré fortement par le meuble hollandais et par une innovation britannique notable, l’utilisation du noyer importé en remplacement du traditionnel chêne, cette ère a produit des meubles aux lignes plus raffinées.

Les artisans de l’époque se distinguaient par leur usage ingénieux du placage pour créer des motifs symétriques attrayants et n’hésitaient pas à explorer les possibilités offertes par la marqueterie. Parmi les techniques prisées, on note celle de l’arabesque marquetery, particulièrement populaire au début du siècle. Une autre pratique créative impliquait l’utilisation de plâtre sur bois pour sculpter des décors détaillés, avec James Moore comme figure emblématique qui allait jusqu’à signer ses œuvres – une démarche peu commune à cette époque.

L’influence orientale s’est également manifestée dans le traitement des surfaces avec un engouement pour les laques venues d’Orient. Les artisans appliquaient ces matériaux précieux directement ou tentaient d’en reproduire l’effet avec brio.

En termes de design structurel, les sièges ont connu une évolution majeure grâce à l’introduction du pied en coup de fouet appelé Cabriol leg, ainsi que le claw and ball foot, possiblement inspiré par le motif chinois classique d’une griffe tenant une sphère.

Les tables-bureaux étaient très prisées et leur conception est progressivement devenue moins massive au profit de pieds plus élégamment travaillés.

Quant aux maîtres ébénistes célèbres de ce temps, citons Daniel Marot qui s’était exilé face aux persécutions religieuses en France; Gerrit Jensen (parfois anglicisé en Johnson), originaire des Flandres; et Jean Pelletier, réputé pour son travail exceptionnel sur le bronze et la dorure. Ces artistes ont contribué à façonner et enrichir le patrimoine mobilier anglais avec leurs compétences remarquables.

L’esthétique de la Géorgie

Au XVIIIe siècle, l’ère géorgienne coïncide avec le gouvernement de quatre rois nommés George. Caractérisée par des évolutions marquantes dans le domaine du mobilier, cette période voit notamment l’introduction de l’acajou. Ce bois dur et robuste détrône le noyer après un embargo français vers 1720. Cette préférence pour l’acajou mène à une simplification des meubles, qui se dépouillent de la marqueterie pour mieux mettre en valeur les ornements métalliques dorés ou argentés.

La légèreté et la solidité s’imposent comme des attributs essentiels du mobilier, reflétant ainsi une recherche d’équilibre entre fonctionnalité et esthétique. C’est aussi l’époque où architecture intérieure et ameublement fusionnent harmonieusement sous l’influence de figures telles que William Kent. Proche du mouvement néo-palladien, cet architecte concilie une façade extérieure sobre avec un intérieur riche inspiré par le baroque italien.

Enfin, des artisans comme William Vile et John Cobb, reconnus pour leur manufacture prestigieuse, produisent des pièces pour l’élite dont fait partie le prince de Galles. Benjamin Goodson quant à lui emprunte un style plus orné fidèle aux goûts opulents d’un William Kent. Ces créateurs incarnent donc pleinement ce courant artistique qui a su traverser près d’un siècle en laissant derrière lui un héritage incontestable dans l’histoire du design britannique.

Le style rococo

Vers les années 1730, l’Angleterre adopte le style rocaille, inspiré par les ouvrages de référence des maîtres français en ébénisterie et décoration. Ce courant artistique se caractérise par une inspiration tirée de la nature, privilégiant les motifs animaliers et végétaux, ainsi qu’une prédilection pour les scènes pittoresques. Toutefois, il s’éloigne des formes arrondies au profit de lignes plus droites.

Parmi les figures marquantes du style rocaille britannique figurent Mathias Lock et Thomas Johnson. Ils ont su apporter leur touche à ce mouvement qui a surtout fleuri dans le domaine de l’ornementation intérieure plutôt que dans la transformation radicale des meubles. En effet, ces derniers conservent majoritairement l’esthétique classique propre au style géorgien déjà en place à l’époque.

L’influence française est palpable dans ces similitudes stylistiques, mais elle est adaptée aux goûts locaux anglais où le décor prime sur la structure même du mobilier.

Chippendale, Adam, Hepplewhite

Thomas Chippendale (1718-1779)

Le Director, publié par Thomas Chippendale en 1754, est un catalogue influent qui a grandement contribué à la propagation de son style unique à travers le Royaume-Uni. Ce recueil contient une diversité de modèles qui ont été fréquemment réimprimés, reflétant l’ampleur de leur popularité.

Au cœur des créations remarquables de Chippendale se trouve la série inspirée par l’Orient, dite The Chinese Chippendale. Ces pièces sont reconnaissables à leurs ornements exotiques tels que les toits en forme de pagode et des motifs décoratifs asiatiques, incluant dragons et mandarins.

À côté de ces influences orientales, un courant néo-gothique imprègne également son travail. A cette époque au Royaume-Uni, ce renouveau gothique gagne en popularité et Chippendale y adhère avec brio. Ses chaises gothiques incarnent ce style : elles arborent des éléments architecturaux médiévaux comme des arcs brisés et des pinacles. Ces œuvres, grâce à leur design caractéristique, sont profondément ancrées dans l’imaginaire collectif.

Le style néoclassique : focus sur Robert Adam (1730-1794)

Robert Adam s’impose comme une figure emblématique du mouvement néoclassique en Angleterre, aux côtés de personnalités telles que William Chambers et James Stuart. S’inspirant des chefs-d’œuvre de la Grèce antique et du célèbre architecte italien Palladio, son oeuvre incarne un attrait marqué pour le style Pompéien. Cette influence se reflète clairement dans sa prédilection pour les pièces de mobilier mural telles que les commodes et consoles aux formes arrondies.

Son travail est également caractérisé par l’importance qu’il accorde à l’ornementation. Cependant, cette tendance ornée a joué un rôle dans la diminution de sa popularité vers la fin des années 1770, période durant laquelle émergeaient des préférences pour des meubles plus sobres à l’esthétique étrusque.

George Hepplewhite : le révélateur

Bien que l’on ne possède pas de pièce attribuée directement à Hepplewhite, son influence sur le mobilier de la fin du XVIIIe siècle est incontestable. Il a inspiré une génération d’artisans avec ses conceptions, qui se distinguent par leur élégance épurée et leur fonctionnalité adaptée à la vie bourgeoise.

L’utilisation de l’acajou s’est renouvelée sous sa tutelle, ce bois ayant été auparavant délaissé au profit d’autres plus tendres. Cette essence apporte une touche de raffinement tout en soulignant les lignes simples des meubles. Les chaises créées dans cet esprit sont particulièrement notables pour leurs dossiers travaillés, tels des blasons ou en forme de cœur, reposant sur des pieds délicatement galbés.

Hepplewhite a également marqué un tournant dans la conception des commodes, introduisant des formes qui préfiguraient le style du XIXe siècle. Son héritage réside donc autant dans ces objets pratiques que dans l’élan stylistique qu’il a donné à son époque.

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Pour identifier un meuble estampillé, cherchez la marque du fabricant souvent cachée sur une partie discrète. Les prix de restauration varient selon le travail requis, demandez des devis à des professionnels pour avoir une idée précise. Pour évaluer un meuble ancien, considérez son état, son origine et sa rareté; faites appel à un expert si nécessaire.

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